Processus de requalification durable des franges urbaines fondé sur la démarche de composition urbaine

Abstract

Aujourd’hui, la ville est associée à des situations d’inconfort, de nuisances, de pollution, de pauvreté, de chômage et d’insécurité. Aussi, une attention spéciale est-elle accordée à l’urbanisation autour des grandes infrastructures des territoires périurbains, qui a atteint un degré de complexité qui rend difficile la représentation comme préalable au projet d’aménagement urbain, d’autant que les grandes problématiques de l’urbanisme touchent tant à la compréhension de la forme urbaine et sa représentation, qu’à la définition des programmes destinés à la transformer. Aussi, les perpétuelles mutations auxquelles la ville est soumise, nous interpellent quant aux tracés fondateurs et aux principes conceptuels qui ont présidé aux premiers processus de formation et de transformation. Ils nous incitent notamment à nous interroger sur les notions de permanence, d’urbanité, et aux choix d’aménagement visant à spatialiser les préoccupations environnementales pour transcender les lieux et les cultures, dans un contexte où la globalisation se traduit spatialement par un phénomène de métropolisation. Enfin, un intérêt majeur est accordé aux nouvelles attentes des citoyens auxquels l’on donne un rôle accru dans le processus décisionnel. En effet, les problèmes des villes se posent en termes de pression urbaine, induite par des densités mal gérées, ayant tendance à générer non seulement des tensions sociales mais également une consommation abusive du foncier, qui s’accompagne du redéploiement des infrastructures routières et de communications favorisant un excès de consommation énergétique ainsi qu’un impact négatif sur l’environnement bâti et naturel . Face à ce phénomène, le processus d’urbanisation développe des procédures d’aménagement et de planification et se conforme à des règlements qui ont participé à codifier des échelles d’intervention des territoires de planification stratégique au périmètre opérationnel, sans pour autant apporter des réponses significatives au problème de la maîtrise de l’étalement urbain ni de la qualité de l’espace. D’où la nécessité d’un dispositif approprié pour faire référence au contexte à travers son adaptabilité aux temporalités et aux mutations, ainsi qu’à l’articulation de la multiplicité des dimensions sous lesquelles le phénomène urbain se décline, pour préserver les aménités territoriales, les équilibres environnementaux et révéler l’identité des lieux. En revanche, les nouvelles prérogatives de la composition urbaine permettent d’engager des processus d’urbanisation dans une logique qui pérennise la qualité et la cohérence des territoires urbains, rejoignant ainsi l’un des principes fondamentaux du développement durable, qui prône l’équilibre, la précaution et le respect des lieux. Cela tient à la capacité de cette méthode à proposer des outils qui créent des convergences entre les différentes logiques urbaines, établissent des relais institutionnels et réalisent notamment une approche transversale entre les différents domaines sectoriels, et soulignent la nécessité de son insertion dans l’instrumentation en vigueur, POS ou PDAU, qui en sont encore à l’expression de zonage, quand la démarche de composition urbaine favorise des modulations à travers chaque mode de représentation, tout en anticipant des perspectives de développement. En dépit de la faiblesse de densité et l’absence d’urbanité qui les caractérisent, les franges urbaines demeurent des lieux à enjeux économiques, spatiaux et sociaux importants. Dans un contexte se caractérisant par la rareté du sol, les franges urbaines détiennent un potentiel foncier considérable, offrant ainsi l’opportunité de conduire des démarches dynamiques de création de valeurs urbaines s’inscrivant dans une perspective de développement durable et de promotion de la qualité. Cela tient au fait que les franges urbaines portent en elles des ressources pour un développement endogène visant à assurer la valorisation des ressources locales, la mixité sociale, la mixité d’usages des espaces, la mixité urbaine. Inversement, les franges urbaines revêtent des enjeux multiples et appellent à combiner les démarches, les procédures en raison du manque d’adaptation des outils à ce nouveau concept. Elles nous offrent l’opportunité de revisiter la notion de composition urbaine et d’affirmer sa nouvelle acception comme dispositif composite et évolutif, qui concourt à mettre en oeuvre des préceptes d’harmonisation et à façonner le caractère des franges dans la durée. De même, le changement d’échelle et la fragmentation dont les franges font l’objet, trouve dans la x démarche de composition la clé d’une conception pertinente, fondée sur l’articulation des échelles spatiales visant à assurer la continuité urbaine, à faire cohabiter les contradictions et induire une régulation des évolutions. Dans ce contexte, nos questionnements portent sur l’identification des territoires de franges et de leur appréhension pour répondre à la problématique de l’absence de la qualité du cadre de vie et celle du cadre bâti. L’élaboration de démarches adaptées à ces territoires, qui posent à terme des problèmes de requalification et de promotion de l’urbanité, oblige la composition urbaine à incarner le dispositif spécifique qui permet de trouver des filiations à partir des spécificités du site, pour anticiper sur les mutations à venir, à travers un urbanisme de valorisation. Pour cela il s’agit d'articuler l’urbanisme opérationnel et composition urbaine. A l’issue de ce travail, nous envisageons de permettre au processus décisionnel multicritères d’acquérir un pragmatisme que seule l’élaboration d’indicateurs peut garantir, pour servir de système référentiel tendant à trouver les modalités de la requalification des franges. A cet effet, nous nous sommes appuyés sur la frange de Boukhadra à Annaba pour effectuer notre vérification empirique. Ce cas d’étude servira à tester le dispositif que nous avons mis en place afin d’évaluer la qualité du cadre bâti et qui a consisté à croiser la méthode de composition urbaine et celle du développement durable. L’objectif escompté étant de tester l’opérationnalité d’un tel dispositif à travers son intégration dans les cahiers des charges, la conception et le monitoring.